Autour de moi les notes

lumineuses d’une feuille
venue jusqu’à la branche
pour remuer
avec le souffle
danse et boit
l’eau qui la sauve
au matin quand recommence
son chemin vers le soir

et je marche aussi
d’un pas qui repose dans l’infini
j’écoute le monde qui bruit
à travers les arbres seuls
comme des êtres occupés
à devenir leur forme singulière

Hélène Dorion, Mes forêts, Éditions Bruno Doucey
partage de Dominique A, heureux facteur poétique :-)))

Toutes les choses de la terre

Il faudrait les aimer passagères
Et les porter au bout des doigts
Et le chanter à basse voix
Les garder les offrir
Tour à tour n’y tenir
Davantage qu’un jour les prendre
Tout à l’heure les rendre
Comme son billet de voyage
Et consentir à perdre leur visage

Anne PerrierŒuvres poétiques, Éditions L’Escampette
partage de Dominique A, heureux facteur poétique

Laisser venir le jour

A pas tranquilles
Ne rien détourner
De l’instant qui passe

S’étonner
D’une herbe de la vitre du soir
Devenir
L’herbe le toit la pente
La pluie ou peut-être
Le sang à fleur de peau

Deviner le pourquoi
Sans jamais vouloir prendre
Être à l’écoute
Comme sur une plage
Que vient doucement battre
Le mouvement tenace de la vie.

Hélène Cadou, En ce visage l’avenir, Éditions Jacques Brémond
partage de Dominique A, heureux facteur poétique

Fuir

« ce n’est pas du tout renoncer aux actions,
rien de plus actif qu’une fuite. (…)
Fuir c’est produire du réel, créer de la vie,
trouver une arme. » DELEUZE

in Lundimatin

Démissionner, bifurquer, déserter… pour ne plus alimenter la machine, pour ne pas contribuer à la destruction du monde en cours. C’est le choix que certains ont fait : trahir ce à quoi leurs études les prédestinaient.

Nous sommes très patients

Nous marchons à grands pas
Dans de grands éclats de rire
nous pouvons nous mettre à danser
et à chanter les mots nouveaux.
Nous inventons des alphabets
et nous inventons des couleurs.
Nous possédons des outils secrets
et des recettes nouvelles.
Nous ne donnons pas de conseils.
Nous avançons.
Nous ne redoutons pas l’absurdité et la vanité.

Fabrice CARAVANCA, La Vie, Les Fondeurs de briques, 2016

Il n’existe aucun chemin

la quête que nous poursuivons
repose en chaque chose approchée
en chaque instant qui délivre ses clartés.

Le temps ne s’écoule pas.
Le temps brûle à nos côtés,
silencieux
et bordé de roc qu’il fissure
lentement,
dans le désert intérieur.

Aucun chemin.
Juste quelques pas
à la lisière de l’aube.

Hélène DorionD’argile et de souffle,
anthologie préparée par Pierre Nepveu, Éditions Typo
livré par Dominique A, heureux facteur poétique