Je marche

Quand je marche, je marche
Quand je dors, je dors
Quand je chante, je chante
Je m’abandonne

Quand je marche, je marche droit
Quand je chante, je chante nue
Et quand j’aime, je n’aime que toi
Quand j’y pense, je ne dors plus

Je suis ici
Je suis dedans
Je suis debout
Je ne me moquerai plus de tout

« Entends tu, m’as-tu dit,
Le chant du monde », alors depuis
Quand l’aube se lève, je la suis
Et quand la nuit tombe
Je tombe aussi

Je suis ici
Je suis dedans
Je suis debout
Je ne me moquerai plus de tout

Quand j’ai faim, tout me nourrit
Le cri des chiens, et puis la pluie
Quand tu pars, je reste ici
Je m’abandonne
Et je t’oublie.

Frénésies…

C’est plus agréable si vous prenez soin de vous.
Pour vos collègues.
Pour vos clients, qui le ressentent.
Une femme avec des ongles vernis, ça s’entend au téléphone.
Vous ne devez jamais perdre de vue votre diffusion symbolique.
Songez aux marqueurs métadiscursifs.

Vous devez développer une apparence socialement estimable.
Qu’importe les sinuosités de votre parcours.
Mettez du vernis.
Organisez votre corps pour être opérationnelle.

C’est un théâtre miteux.
C’est une opportunité exceptionnelle.
C’est une futilité si totale qu’on dirait presque de la profondeur.
Vous devez sourire parce que ça s’entend au téléphone.

Mettez du vernis sur vos cris.

Stéphanie VovorFrénésies, Editions du Castor Astral
Partage de Dominique A, heureux facteur poétique

Brûle et n’aie pas peur de brûler

La vie est longue
Courte aussi
Et les feux sont des alliés sur la route
Contemple les hauteurs nouvelles
Écoute les sons inconnus et les lumières fantomatiques
Brûle la terre et le ciel et la nuit et le jour aussi

Pour découvrir ce qui se cache sous les choses
Brûle, aime, et sois patiente mon ange
J’ai cousu des armes au revers de ta chemise
Des armes muettes qui agissent comme des capteurs de feu

L’amour au creux de ta paume
Déposé un jour de tempête
De grands trésors sont à même la tristesse
pour qui sait chercher
Embrasse la nuit et tu verras naître l’aube entre tes bras
L’azur
Et les premiers cris des oiseaux

Clara YséVivante, Éditions Seghers
Partage de Dominique A., heureux facteur poétique

Sud

La route rêve qu’elle mène à la mer
alors qu’elle gravit le volcan
ou traverse le grand marais.

La route au bord de l’océan
se souvient de la neige et de l’aveuglement,
du secret de la lagune
du babil de la jungle.

La mémoire de la route est nomade :
les souvenirs traversent le temps dans tous les sens,
mènent par ci, par là.

La route cueille des parfums évanouis,
laisse des hardes oubliées et des regards brisés,
elle contient des adieux qui, multiples,
se réfractent dans le rétroviseur.

Parfois elle revient, la route,
apportant avec elle
paysage âge trace.

Angye Gaona, La Voix des Autres, n° 5, mars 2012, traduction Pedro Vianna
Partage de Dominique A., heureux facteur poétique.

Récifs

Choisis la route sans lumière
et mets le feu à tes faux pas

Quelle est la plus belle ?
La vague ou la mer ?

Songe légèrement au sable
il t’endormira grain par grain

Beaucoup plus silencieux les nuages
que la pluie déchiffrant leurs pensées

Frappe à la porte au-dessus de ton nom
elle ouvrira sur les étoiles

La solitude sous un arbre nourrit sa force de ton ombre

Mais toi musique
n’oublie pas de me garder à ta portée !

François MontmaneixL’Abîme horizontal, Éditions La Différence
Partage de Dominique A, heureux facteur poétique