Comme une fleur

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Même « séchée », une fleur est toute beauté.
Parce que son cœur est « pur », sans arrière pensée, pleine à son rôle de fleur, partout à sa place, même si déplacée.
Entière à ses qualités de fleur – parfumée, colorée, verticalité, symbole, nourrissante – elle a poussé, s’est épanouie, dans (malgré) la terre et la situation qui lui étaient donnés, à côté d’autres fleurs, parmi les insectes avec lesquels elle a composé, avec les éléments, les obstacles, les compliments et les amants.
Elle a suivi son chemin de fleur, toujours attirée vers les sommets. Sans se retourner, sans question, sans peur, elle a veillée, là, simple, détachée et engagée, racinée. Lorsque alertée, elle a transmis la donnée, elle a lutté, résisté, confiante, nue, forte de sa sève, sans haine ni pitié, sans regret.
Parfois elle a pleuré, de joie, car la rosée la chatouillait, car le lever et le coucher du soleil, car la douceur de l’air, car la terre mouillée l’enchantait, les étoiles l’accompagnaient, la lune la rythmait, elle dansait inspirée par le souffle du vent.
Car la vie la traversait…L.C.

 

 

Inattendue et belle

Ma rencontre avec George Hendrik Breitner

Girls and Kimonos, autour de 1895.

Pour Corinne Lacoste qui travaille autour, avec, dans ? – je ne l’en ai jamais vue vêtue, les kimonos. Parce qu’elle m’apprend à dessiner, la vie.

Vous qui construisez des jardins

ne faites pas de parcs, des espaces verts : faites des marges.
Ne faites pas des terrains de loisirs et de jeux : faîtes des lieux de jouissance, faites des clôtures qui soient des commencements. ne faîtes pas des objets imaginaires ; faites des fictions. Ne faîtes pas des représentations ; faites des vides, des écarts ; faites du neutre…
Louis Marin, extrait, Les Carnets du Paysage n°31, « Sacré »

http://www.louismarin.fr/

mathieu ri

Pourquoi nous as-tu abandonné ? Mais parce que là sont les fondations : nous sommes bâtis sur la perte. Et plus la pluie tombe,…, plus montent, avec, de nouveau, mes larmes, vers mes yeux, en moi la connaissance absolue, intime, foudroyante de la perte,… , j’en suis devenu une partie, tantôt je tombe du ciel, tantôt je coule à terre. C’est plus simple ainsi : me voilà fait d’eau et de vent, prêt à m’engloutir comme à m’évaporer, à stagner comme  à ruisseler.

Être tous les hommes n’est pas un rêve délirant de toute-puissance, c’est accepter de n’être que ce qu’on est, c’est donner son consentement pour faire ce qu’on a à faire, c’est se fondre, c’est espérer le silence.

Car si, en espagnol, source peut se dire « ojo de agua », « œil d’eau », les perspectives sont renversées : derrière l’œil se tient l’âme – et si je vois l’œil de l’eau, cela signifie nécessairement que je suis vu par l’âme de l’eau, que je suis regardé comme je regarde. Et, de nouveau, les contours du monde s’estompent, se déplacent, un peu plus loin se reforment me livrant un nouveau paysage à composer, à la fois inédit et familier.

On croit toujours qu’ailleurs c’est mieux. Or, ce n’est ni meilleur, ni pire, c’est simplement toujours aussi insensé.

Le Regard de la source, Verdier, 2017

Exposer ?!

Ça sert à quoi, exposer ?
Et bien, ça permet de créer, de s’exprimer – chacun à sa façon bien entendu.
Et de se mettre une coup de pied au derrière, et de se regarder en face !
De découvrir d’autres… et soi !
Ça permet de prendre sa voiture, de rouler ailleurs, de voir différent, d’écouter la radio, et de découvrir des poètes !
Et d’ouvrir un monde, encore un… vertige !
Écoutez-ça ! C’est magnifique !
https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/aujourdhui-ailleurs
Lisez-ça ! La vie est belle… malgré tout !
http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Lembe_LOKK-664-1-1-0-1.html

LA POÉSIE N’EST PAS UN DIRE, MAIS UN DÉBLAIEMENT, UNE INSTAURATION
(Extrait) La poésie ? Ce n’est pas ajouter des livres à d’autres, sur des rayons de bibliothèque, pour faire avec eux une littérature, et son histoire, et de la culture, autrement dit de la mort, non, c’est tenter de rendre aux mots la pleine mémoire de ce qu’ils nomment : ces choses simples qui sont de l’infini, de la vie, quand on les perçoit dans leur immédiateté, mais que notre discours conceptualisé, tout analytique, remplace par ses schèmes, ses abstractions. Et ce projet, c’est évidemment une tâche qu’on n’en finira pas d’accomplir, puisque le langage ne peut prendre forme qu’en différenciant les figures dont il va faire son monde, ce qui le conduit à définir, classer, substituer des lois à des présences. La poésie tente de remonter ce courant, elle ne le peut, elle doit chercher des façons indirectes d’être la mémoire de l’immédiat, de réveiller l’être parlant de son sommeil conceptuel, et même ce travail du négatif, c’est difficile, c’est sans fin, d’autant que la pensée ambiante, dans des sociétés occupées à tout autre chose, cherche sans fin aussi à étouffer cette voix. Une situation où ce qui va importer surtout, c’est la lucidité de qui œuvre, son obstination à comprendre qu’il y a dans les mots, les pensées, même les émotions de chaque moment de sa vie, des forces qui le détournent de l’intuition qui l’anime… Yves BONNEFOY, Revue Les Hommes sans Epaules n°43, 2017