Tout est là : froissements de tissus, ailes brisées,
bruits de salive, claquements, cris, lézardes.
Toutes les musiques du corps,
attachées les unes aux autres, au rythme des choses simples.
Au loin, un ciel pourpre qui s’en va.
Tout près, un étoilement ou une trouée,
quelque chose de flamboyant qui fait signe :
une table d’écriture, une femme assise, étonnée,
les mains pleines d’argile et d’encre.
Elle a posé son corps dans le réel,
dans le brouillard que produit la terre, en se soulevant.
Et son corps – ce sel ramassé dans ses os, sa folle humanité –
veille contre l’oubli.
Elle est là, toujours assise dans le réel,
à se demander si, au ras du sol, le bonheur a un parfum.
Hiver après hiver, elle glisse dans sa voix :
« Cela ressemble à de la douceur. »
Denise Desautels, De la douceur, Éditions Roselin et La Cour pavée
Partage de Dominique A, heureux facteur poétique