les derniers mots que nous avons échangés
Seront-ils les derniers que nous échangerons ?
Après ta mort le silence s’amasse, cendreux.
Parfois ton fantôme muet me rend visite
Je lui pose des questions, il fixe le sol
tristement, j’écris et je lui cherche une voix
partout, dans les livres, les souvenirs, les trous
dans les murs, une langue, un poème sans titre
où déposer tout ce que tu me répétais.
Arrivée devant une porte trouve un moyen
pour l’ouvrir, si tu y parviens garde-la
ouverte pour que d’autres puissent entrer.
Une diseuse de bonne aventure avait lu
dans les lignes de tes mains une vie d’exil
les pieds dans la boue, du riz amer dans la bouche.
Une vie sans limites, mais pas sans obstacles.
Sabine Huynh, Poème inédit, Frontières Petit atlas poétique, Éditions Bruno Doucet
