mathieu ri

Pourquoi nous as-tu abandonné ? Mais parce que là sont les fondations : nous sommes bâtis sur la perte. Et plus la pluie tombe,…, plus montent, avec, de nouveau, mes larmes, vers mes yeux, en moi la connaissance absolue, intime, foudroyante de la perte,… , j’en suis devenu une partie, tantôt je tombe du ciel, tantôt je coule à terre. C’est plus simple ainsi : me voilà fait d’eau et de vent, prêt à m’engloutir comme à m’évaporer, à stagner comme  à ruisseler.

Être tous les hommes n’est pas un rêve délirant de toute-puissance, c’est accepter de n’être que ce qu’on est, c’est donner son consentement pour faire ce qu’on a à faire, c’est se fondre, c’est espérer le silence.

Car si, en espagnol, source peut se dire « ojo de agua », « œil d’eau », les perspectives sont renversées : derrière l’œil se tient l’âme – et si je vois l’œil de l’eau, cela signifie nécessairement que je suis vu par l’âme de l’eau, que je suis regardé comme je regarde. Et, de nouveau, les contours du monde s’estompent, se déplacent, un peu plus loin se reforment me livrant un nouveau paysage à composer, à la fois inédit et familier.

On croit toujours qu’ailleurs c’est mieux. Or, ce n’est ni meilleur, ni pire, c’est simplement toujours aussi insensé.

Le Regard de la source, Verdier, 2017

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