Coudre la vie

Rapprocher   coordonner   assembler, les matières   fibres, diverses, couleurs, complémentaires élémentaires.
Chiner, trouver le tissu    juste, tailler, déchirer (avec ou sans les dents), laver et repasser, et oui !
Sentir la vie « défiler » en nous, mais pas « filer », sans se défiler, ni filer droit, au fil des jours, de fil en aiguille, sans trop de fil à retordre pour tenter de suivre le fil de soi(e).
Entendre ce qu’il y a au bout du fil, s’accorder avec aiguilles, ciseaux, dé… faut bien jouer, mains doigts pied, au rythme percussif de la machine, tous à l’œuvre, de son propre chef, d’orchestre philharmonique.
Parce que la vie ne tient qu’à un fil !
2017-03-21 00.28.52
…L.C… une filoute qui brode…

Un héros de l’acte absurde ?

Il est comme ça Justo : il construit une cathédrale, excusez du peu, quand d’autres se font faire des implants ! Tout de suite, j’ai pensé : je me réjouis qu’il n’ait plus de dents. Je lui en suis reconnaissant… Il n’est pas important d’avoir de belles dents… On ne doit pas s’en faire, pour ses propres dents. Ce qui compte, c’est la vérité. […]
Je me pose la question  : qu’est-ce que la vérité ? Je réfléchis. Justo donne à penser, c’est l’une de ses principales qualités… Il fournit du matériel de pensée, de rumination. Mon regard dérive, je fixe les cyprès qui longent le bâtiment, j’aperçois la pointe de ceux qui se dressent dans le cloître. […] Ici tout signale le ciel. […] Tout, ici, invite à redresser la tête. […]
Et soudain, je me dis que j’ai peut-être trouvé ? Qu’est-ce que la vérité ? Un mot me vient à l’esprit : durer. Tout ce qu’on sait de la vérité, c’est qu’elle tient le coup. Elle résiste. C’est une pierre réfractaire, jetée dans le bain du temps. Nul ne sait à l’avance ce que contient la vérité. Ce qu’il y a à l’intérieur. Nul ne détient la vérité. Mais le temps choisit. Le temps passe, fait sa ronde. Il trie, rejette, pulvérise. Toute entreprise, toute vie d’homme rejetée par le temps se dessèche, s’effrite et tombe dans l’oubli.
Le mensonge est ce qui ne tient pas. Les masques se détachent, s’envolent comme des feuilles mortes. Le mensonge n’est pas pire que la vérité. Pour tout dire, il est souvent meilleur, plus respectueux, plus attentionné, plus souriant. Mais il ne tient pas, face au temps. La vérité a moins de charme que le mensonge. Mais on la retrouve, reconnaissable, presque intacte, après chaque visite d’inspection du temps.
La plupart des gens font trop confiance aux idées. Ils cherchent la bonne idée, celle qui transformera leur vie, qui les rendra riches et heureux. Ils croient que la vie est un coffre-fort, dont il suffit de trouver la combinaison. Les bons chiffres placés dans l’ordre… Mais l’important n’est pas là. L’important, c’est de se lever le matin, et de mettre un pied devant l’autre. L’important c’est de continuer. De reprendre un vitrail là où on l’avait laissé. De poser une brique sur une autre. Peu importe s’il s’agit d’une belle brique, parfaitement réalisée, ou d’une brique tordue, manquée, estropiée. […]
Pour résumer : nous étions des bizarres, des tordus, des fondus, nous ressemblions aux briques de sa cathédrale. […]
De rôder, encore un peu sur les terres de l’improbable… […]
Il voulait errer, zigzaguer. Il voulait prendre des risques. Et en premier lieu, le risque de se perdre… […]
L’inconfort n’avait jamais constitué pour lui un empêchement. Bien au contraire, l’inconfort l’appelait, lui chantait toujours une douce chanson. […]
Il s’agit de se lever et, en inclinant le buste en avant, de sorte que la jambe s’avance pour éviter de tomber, de commencer à marcher. […]
Comment construire une cathédrale ?, Mark Greene

 

Sans commentaire

San ku kaï San ku kaï
C’est un message (x2)
San ku kaï San ku kaï
C’est un voyage (x2)
San ku kaï San ku kaï
C’est la bataille (x2)
San ku kaï San ku kaï
Dans les étoiles (x2)
(Mon nom est Sidero)
(Je répète, Sidero)
(Je vous parle à bord du San ku kaï)
Dans l’espace
Il y a des machines,
Dans l’espace
La guerre est sublime,
Dans l’espace
L’aventure dépasse
Dans l’espace
Les rêves les angoisses,
Dans l’espace
Quelqu’un nous regarde
Dans l’espace
San ku kaï San ku kaï
C’est un message (x2)
San ku kaï San ku kaï
C’est un voyage (x2)
(Attention ! Cosmosaure à portée de tir)
(Volcor nous attaque ! Volcor nous attaque !)
Dans l’espace
Il y a des légendes,
Dans l’espace
Des empires s’étendent,
Dans l’espace
Le bien et le mal
Dans l’espace
Se livrent bataille,
Dans l’espace
Quelqu’un nous regarde
Dans l’espace
http://www.paroles.net/eric-charden/paroles-san-ku-kai#6XtmDlQkRPEjzaH8.99

« Formidable », « merveilleux » disait-il

« Aujourd’hui je vois clair, je vois des choses que je ne voyais pas avant. J’ai bien fait de travailler jusqu’au matin, ça n’est pas bon pour le travail  du lendemain de travailler toute la nuit, parce qu’on se fatigue. En même temps les recherches de la nuit sont tout profit pour la séance du lendemain, ceci contredit cela, mais au moins ce matin c’était très bien. » (…) « Est-ce bien vrai qu’on travaille mal quand on est fatigué, qu’en dites-vous? Même fatigué, on ne travaille pas si mal. Et puis du moment qu’on est au travail, la lassitude, le manque de sommeil, on s’en fout. On n’a pas besoin d’être fatigué pour ne pas faire ce qu’on ne fait pas, ni de ne pas être fatigué pour faire ce qu’on fait. Je ne peux pas parce que je suis fatigué… ça, ça n’est qu’une excuse pour justifier la paresse ». Le raisonnement lui-même semblait tiré par les cheveux, mais j’étais davantage ému par la passion avec laquelle, plutôt que de vouloir vaincre la lassitude, il se débarrassait tout bonnement du problème. Cette attitude, il la pratiquait à la lettre sans un jour de répit depuis au moins vingt ans. Et cet homme disait : « Jamais je ne me suis avancé aussi loin, j’ai aujourd’hui le courage qui m’a toujours manqué. Être libre à ce point, non, je n’y croyais pas moi-même. Il n’y aura plus jamais d’impasse, maintenant que la voie est ouverte je vais pouvoir avancer encore et encore… Ah, la splendeur de votre visage, l’inimaginable profondeur et immensité de l’espace, si seulement j’étais capable d’en reproduire un milligramme, un millième ! « . p 70
« Merde ! Complètement raté. Je ne sais plus comment faire, disait-il, répétant indéfiniment le même combat désespéré, de tentatives en destructions. Je n’ai pas le choix. Ou je continue ou je crève. »La sculpture était chaque jour démolie et refaite, chaque fois plus serrée, plus ferme, plus aigüe, plus légère, une étrange impression de vie l’habitait. « Léger et lourd à la fois… aigu et rond… en même temps doux et violent, voilà ce qu’il faut faire. Le vrai visage est tout ça disait-il souvent.Car un travail qui avance, c’est un travail qui n’a pas de fin, c’est une possibilité augmentée de courir après la réalité, et plus on serre de près l’objet, plus il s’éloigne. La question n’est pas de faire un tableau mais d’attraper un peu plus de réalité, aussi n’avait-il que faire d’une masse d’œuvres : ce qu’il voulait c’était pousser le travail jusqu’au bout. (…) Si seulement il pouvait « mieux attraper » ce visage, ou même une partie de ce visage, il serait content… Seulement il n’y a pas de limite « au mieux ». p 208-209
Yanaihara Isaku, Avec Giacometti